Dessiner des bêtises à l’ESAC – Cambrai

Dessinez Créez Liberté a eu le bonheur d’être toute la journée du 27 janvier 2023 à l’École Supérieure d’Art de Cambrai (ESAC) pour un workshop sur le dessin de presse avec une vingtaine d’étudiants. Ce projet est à l’initiative d’un professeur de design graphique et d’images d’actualité très impliqué, Gilles Dupuis.

L’ESAC est une école supérieure d’art et de communication publique en lien avec le Ministère de la Culture et qui met à l’honneur les enseignements et les travaux liés au graphisme et à la communication visuelle. Peu surprenant donc que le dessin de presse et le dessin d’actualité y soit abordés ! La journée de workshop était destinée aux étudiants de première année. Une grosse vingtaine de jeunes artistes ont répondu présent. Tous et toutes travaillent et étudient le graphisme et la communication, dessinent de leur côté et développent leur pratique artistique à l’ESAC qui soutient le développement de ses étudiants. Alors, il n’a pas fallu longtemps le matin, lors de 2 heures de présentation théorique du dessin de presse, de ses différentes formes, de son histoire et de sa place aujourd’hui pour qu’ils et elles puissent faire le lien entre ce genre d’image et leurs intérêts artistiques personnels. Un dessin ou une caricature, ça doit être tout aussi efficace qu’une affiche de com’ !

Quelques étudiants connaissaient le dessin satirique et une poignée seulement était intime avec la presse papier. Lorsque nous avons montré des exemplaires du Canard et de Charlie, des grands esclaffements sont venus rompre le silence timide de la salle d’atelier. L’enjeu était de faire comprendre qu’un dessin avait ce super pouvoir de dire autant qu’un article. La puissance de l’image, les étudiants de l’ESAC en savent un brin : leur boulot c’est de créer des images qui expriment quelque chose. Une différence capitale dans le cas du dessin de presse en revanche, c’est la prise de position politique et sa publication dans les médias.

La signature du dessinateur ou de la dessinatrice, c’est le pacte qui lie l’artiste-journaliste avec le lecteur. Lorsqu’un dessin est signé, cela implique que l’auteur assume le propos politique, le point de vue ou l’observation faite sur l’actualité. L’artiste se positionne et souhaite participer au débat d’intérêt général en faisant ce qu’il fait de mieux : dessiner. L’après-midi les étudiants se sont mis dans les bottes de dessinateurs et dessinatrices pro’. Après avoir présenté leurs dessins, les deux membres de DCL et de Marge ont invité ces jeunes à faire leur propre dessin satirique. Première étape donc, une revue de presse pour identifier le sujet d’actualité à traiter. Une grande discussion collective a permis de relever les différents sujets qui animent le débat et l’actualité du moment, mais aussi de faire émerger des thématiques chères au groupe, comme le harcèlement à l’école, les retraites ou bien l’impact que les I.A. (Intelligence Artificielle) peuvent avoir sur le monde artistique. Une fois le sujet choisi, l’idée à faire passer identifiée, chacun s’est mis à dessiner. 1h30 de dessin plus tard, tout le monde avait au moins un croquis à montrer aux camarades de l’atelier. La partie de présentation est sans doute la plus intéressante, dans le sens où elle demande à l’auteur d’expliquer sa démarche artistique certes mais surtout d’expliquer la manière dont un propos politique personnel a été caché dans une mise en scène graphique qui demande un peu de réflexion au lecteur. 

Fin de journée, presque 7 heures à parler dessin, la journée se termine pour tout le monde sur les rotules, mais heureux et satisfaits d’avoir pu aborder un tel objet à l’école. Tout le monde remballe sa trousse, ses feuilles et ses crayons, on récupère même de la presse papier (un numéro de Charlie a été récupéré par une étudiante pour décorer son frigo). On leur propose de retravailler leurs dessins plus tard et de les envoyer au Trophée Presse Citron et au Prix Charlie, deux concours de dessin destinés aux jeunes de 18 à 25 ans.

La pratique est aussi un bon biais pédagogique pour saisir les enjeux que le dessin de presse pose. Dans le cas de ces ateliers en école d’art, la sensibilité à l’image et au dessin est nécessairement un plus. Le dessin peut être un moyen d’exprimer ses idées, de les défendre et surtout de faire rire, et ça les jeunes étudiants de l’ESAC l’ont bien compris. On attend leurs dessins maintenant !