À l’ESAC de Cambrai cette année : caricature, auto-stop et dessin de presse !

C’est qu’on aime y faire et y dessiner des bêtises à Cambrai ! L’année dernière, Dessinez Créez Liberté s’était rendu à l’École Supérieure d’Art et de Communication de Cambrai (ESAC) pour une journée d’ateliers et de découverte du dessin de presse et de la caricature avec les étudiants de première année. Et comme nous avions passé un sacré bon moment, nous nous sommes dit que retourner mettre le bazar dans cette école d’art était une bonne idée. 

Le bazar à l’ESAC a failli commencer en retard : une confiance aveugle dans le GPS de nos téléphones nous a emmené dans un coin de la chouette ville de Cambrai qui se trouvait être à l’opposé de l’endroit où se trouvait l’école. Dans le jus avant même d’être sur place. Finalement, lever le pouce pour faire du stop nous aura évité un retard considérable et nous aura permis d’arriver à l’heure. À DCL, c’est bricolage même pour les transports, tout en gardant un professionnalisme irréprochable. Merci à cette prof d’arts à la retraite (ça ne s’invente pas) qui nous aura sauvé la matinée. 

Et quelle matinée. Gilles Dupuis, professeur hors-pair et fort sympathique le jour, et caricaturiste la nuit, avait permis à une classe de lycée en spé Arts du Lycée Paul Duez du coin de venir visiter l’école et de bénéficier d’un atelier de dessin encadré par nos soins. La grosse vingtaine de jeunes s’est retrouvée dans les ateliers de l’école pour deux heures de découverte du dessin de presse et de la caricature, notamment par le biais de l’Expo Harcèlement réalisée par les dessinateurs et dessinatrices du collectif Marge. Pour la plupart, c’était la première rencontre avec ce genre journalistique. Quelques questions vinrent casser une certaine timidité évidente, mais dès lors que les feuilles, crayons et feutres furent posés sur les tables, place aux bavardages. Les jeunes ont pu s’essayer au dessin de presse ce qui a permis de comprendre les enjeux qui traversent le travail des dessinateurs du Canard Enchaîné, de Charlie, ou encore de Libé, bref des titres de presse qui publient toujours du dessin de presse. À la fin des deux heures, chacun/chacune avait un dessin à poser sur la table pour un moment de retour général. Des thématiques différentes ont été abordées : misogynie, sexisme, écologie ou encore harcèlement sexuel en ligne avec un dessin traitant des hommes qui ne se privent pas d’envoyer une photo de leur pénis aux femmes sur les réseaux sociaux. Une pluralité de sujets qui témoignent d’une attention particulière chez les jeunes portée sur les enjeux d’aujourd’hui. Et oui, les jeunes ont des trucs à dire, encore faut-il qu’on leur rappelle qu’ils ont le droit de s’exprimer. 

Après les jeunes, place aux vieux. Vieux, c’est relatif. La promo de première année d’étudiants de l’ESAC a pu profiter d’un atelier de trois heures de découverte et de pratique sur le dessin de presse et la caricature. Comme pour les lycéens le matin, l’idée était de leur présenter ce genre comme d’une part une production artistique qui a cette particularité d’être un objet journalistique et politique : l’artiste derrière le crayon est aussi journaliste, engagé et surtout une tête qui pense. Rire des sujets graves, morbides ou pesants certes, mais le faire pour défendre des causes et dénoncer des conneries. Les étudiants et étudiants ont effectué cet exercice d’expression après une petite revue de presse ce qui a permis de parler d’information et de leurs pratiques pour y accéder. Un jeune a pris conscience que cela faisait presque deux ans que la Russie avait déclaré la guerre à l’Ukraine. Il a souhaité traiter ce sujet en mettant en comparaison ses deux années comme étudiant. D’autres sujets ont inspiré les jeunes artistes : la crise des agriculteurs et le poids de la FNSEA, Trump qui lance une collection de paires de pompes, le réarmement démographique, les vieux croutons du Sénat qui retoquent une proposition de loi pour un congé menstruel, ou encore les gazaouis poussés dans le sud du territoire à Rafah. Encore une pluralité de sujets abordés dans ce qui pour beaucoup fut un premier dessin d’actualité. 

Étudiants, lycéens, jeunes, vieux, artistes ou pas, découvrir le dessin de presse c’est découvrir que l’on peut exprimer une opinion ou une pensée réfléchie par le biais d’une production artistique. Si l’exercice de réaliser un dessin en 1h30 est ambitieux, les deux ateliers leur ont peut-être donné envie dans le futur de réagir avec un crayon aux saloperies qui se passent dans notre société ou dans le monde.  Certains et certaines finaliseront leurs dessins afin de participer aux Trophée Presse Citron et au Prix auquel vous avez échappé