Ateliers Dessinez, c’est reparti !
L’année dernière, Dessinez Créez Liberté a lancé le premier cycle des Ateliers Dessinez, séances de rencontre et de formation destinés à tous les jeunes dessinateurs et dessinatrices qui de près ou de loin s’essayent ou s’intéressent au dessin de presse satirique. Le souci que peut rencontrer un débutant, c’est de n’avoir pas de retours afin de progresser. Envoyer ses dessins aux rédactions donne le plus souvent lieu à un silence qui peut décourager et qui provoque souvent un abandon. Ça n’est en rien de la faute des rédacs’, elles ont déjà bien et beaucoup à faire.
Pour stimuler la création jeunes et faire en sorte de pouvoir découvrir de nouveaux talents, DCL a souhaité mettre la main à la pâte ! Depuis l’année dernière, l’asso soutien le collectif Marge, simulation de rédac’ composée de jeunes dessinateurs et dessinatrices qui ont décidé de bosser ensemble. En plus du collectif Marge, DCL a donc mis en place les Ateliers Dessinez, des ateliers de 3h où les jeunes participants ont la chance de rencontrer un professionnel du métier, de dessiner avec lui et de bénéficier de ses précieux conseils. Et pour le premier volet du cycle, c’était le dessinateur professionnel Mykaïa (Siné Mensuel, Zélium, 28 Minutes) qui officiait !
Les participants, venus d’un peu partout en France, ont pu écouter Mykaïa raconter son parcours et évoquer ses engagements. Né à Tunis, il fait face très rapidement, dès qu’il se professionnalise, au « oui, mais… » qui tend à cadrer sa liberté d’aborder certains sujets. En insistant sur ce point, Mykaïa souhaitait faire comprendre aux participants la nécessité de continuellement se battre, par le dessin, contre les injonctions de droite et de gauche qui cherchent à réduire le champ des possibles lorsqu’il s’agit de liberté d’expression.
Par la suite, tous les participants et Mykaïa ont réfléchi ensemble à des sujets potentiels à traiter en dessin. De la censure préalable d’un article de Médiapart, en passant par les scandales de la Coupe du monde au Qatar jusqu’à la frilosité du Sénat quant à constitutionnaliser l’IVG, les jeunes plumes n’ont pas manqué de partager les sujets d’actualité qui selon eux mériteraient d’être mis en dessin. Car c’est ça le dessin de presse, se faire le reflet de la réalité et de l’actualité et par jeu de miroir déformant ajouter un décalage qui permettra de provoquer la réflexion, le rire ou la colère chez le lecteur.
Trouver le bon décalage, c’est du boulot ! La salle qui accueillait l’atelier s’est vue tout d’un coup silencieuse. Puis, les participants ont commencé à échanger entre eux leurs idées, testant leur dessin à leur droite et à leur gauche, auprès de pairs qu’ils ne connaissaient pas deux heures plus tôt. L’exercice de dessiner avec d’autres personnes n’est pas simple et, pour certains, même « plutôt désagréable » dans un premier temps. Quand on est habitué à bosser dans leur coin, voir des camarades gratter peut effectivement être déstabilisant. Mais on s’y fait et ça devient finalement plaisant, et même très excitant.
Les participants ont fait face à une autre donnée importante du métier de dessinateur de presse : l’urgence ! « Cinq minutes pour terminer vos dessins ! » Mykaïa passait dans les rangs afin de filer un ou deux conseils de dernières minutes. « Dès que vous avez terminé votre dessin, allez l’accrocher au mur. » Quelques participants ont essayé de gratter quelques secondes mais vint un moment où la quasi-totalité du groupe a pu accrocher au moins une proposition. « Qui n’a pas signé son dessin là ?! » Signer, c’est la dernière chose à faire et la plus importante ! Signer, c’est assumer le propos et le message tenus dans le dessin ! Tout le groupe se tenait devant ce mur, et regardait ce que les autres avait fait. Mykaïa a pris le soin de faire des retours à quasiment tout le monde. Puis est venu le moment de remballer et d’aller poursuivre les discussions autour d’un verre bien mérité.
L’objectif de ces ateliers est de donner un coup de pouce à tous ces jeunes dessinateurs et dessinatrices qui dans leur petit coin bricolent. Avec ces rencontres, ces conseils et ce partage, nul doute qu’ils vont acquérir confiance et assurance. Rendez-vous au mois de janvier pour le deuxième atelier !
Ce projet est soutenu par l’École Estienne, la BnF, le Théâtre13, le Trophée Presse Citron {BnF, la Mairie du 13e et tous les dessianteurs professionnels qui ont répondu à l’appel.