In Process

Au tribunal le 11 septembre 2020.

11 septembre 2020

Le groupe de lycéens venu assister au procès des attentats de janvier 2015 au tribunal de Paris débriefe, avec les médiatrices de Dessinez Créez Liberté (DCL), les audiences du matin dédiées aux témoignages des proches des victimes de Charlie Hebdo.

Assis dans une petite salle du palais, loin du brouhaha de la salle des pas perdus, qu’ont-ils à dire de cette matinée ? 

D’abord silencieux, masqués et distanciés, ils n’en sont pas moins émus :

  • « Cest le procès de gens qui sont morts pour rien. Cest grave! »
  • « On dirait que le président de la cour ne ressent rien du tout. »
  • « Est-ce que les avocats vont parler aussi ? »
  • « Quand les familles ont appris l’assassinat de leur proche, on dirait quelles nont pas du tout vécu la même histoire. »

Interrogés sur d’éventuels souvenirs liés à cette date du 11 septembre, commémorant les quatre attentats-suicide perpétrés aux Etats-Unis en 2001, une réponse tout à fait spontanée nous fait définitivement basculer, nous les adultes, du côté de l’âge mûr : « Mais on n’était pas nés ! ».

S’ils n’étaient pas nés lors de l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center, ils n’étaient pas non plus bien grands les 7, 8 et 9 janvier 2015. Charlie Hebdo, Montrouge, Hyper Cacher, c’était un peu loin, presque une fiction à la télé : « quand je suis arrivée devant le tribunal, explique une élève, j’ai réalisé que tout ça n’était pas un film, mais que c’était bien la réalité ». Un élève ajoute : « On a de la chance de suivre ce procès historique ».

« Cour d’assises spéciale », « débat contradictoire », « présomption d’innocence », « parties civiles » mais aussi «banalité du mal », ou encore «archives historiques de la justice », sont autant de notions nouvelles que ces jeunes gens découvrent et comprennent « sur le tas » avec l’aide de DCL, sous l’œil bienveillant et enthousiaste de leur professeure. Un procès historique et hors-norme, tout autant pédagogique, donc.

Sur le carnet que l’établissement leur a offert, les lycéens apprennent aussi à prendre des notes. Ils ont retranscrit les témoignages « parce que c’est le souvenir et la mémoire de quelqu’un qui a perdu un être cher. C’est important. » insiste un élève.  Que vont-ils faire de ces notes?  « J’aimerais les montrer. Pour transmettre. » dit l’un.  « Moi je ne sais pas, j’ai trop peur d’avoir mal retranscrit ces mots. Je n’ai pas envie de les trahir », s’inquiète un autre.

L’après-midi, les audiences reprennent avec de nouveaux témoignages bouleversants jusqu’à ce que le président de la cour donne la parole aux accusés. Deuxième débrief, nous retournons dans la petite salle feutrée :

  • « c’est une grosse journée, quand même! »
  • « Dans les médias, il y a parfois trop dinfos inutiles en boucle qui empêchent les vraies, qui comptent vraiment, d’être dans la lumière ».

La séance se poursuit  : « Liberté, égalité, fraternité », « valeurs », « engagement », etc., ces principes ont-ils un sens pour eux? Ont-ils envie de se battre pour quelque chose ? « Pour notre avenir, mais aussi pour vivre égaux, tous, avec les mêmes règles ».

Charlie Hebdo n° 1467, une du 2 septembre 2020.

15 septembre 2020

DCL organise une séance pédagogique au lycée autour de la une de Charlie Hebdo, de « l’affaire des caricatures danoises », de l’intégrisme religieux et du terrorisme islamiste, et discute avec les élèves de liberté de conscience et de laïcité, principe d’égalité et d’émancipation de tous. « En France, le délit de blasphème n’existe pas, on est citoyen avant d’être croyant : la loi protège des hommes, pas des mythes », concluent les médiatrices de l’association.

ALBK