VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

La difficulté de porter plainte. Sexisme.
JUIN, dessin original, novembre 2019.

Thématiques :
– Les violences faites aux femmes et la difficulté de porter plainte.
– Les numéros d’urgence de défense de victimes de violences familiales.

Le dessin est en noir et blanc. À gauche, on voit une petite femme assise sur une chaise, baissant la tête et l’air abattu, avec des yeux gonflés et le nez qui coule. Une lampe de bureau est pointée sur elle : la femme est dans la lumière. Dans une bulle, elle dit : « Mon mari est violent… »
À droite, en très grand, on voit un personnage assis derrière un bureau et un ordinateur, avec des yeux exorbités et une bouche ouverte qui laisse voir toutes ses dents. Sur sa veste : une cocarde et une épaulette militaire. C’est un policier. Il est menaçant et déclare : « Violent comment ? »

La taille du texte contenu dans la bulle du policier est beaucoup plus grande que celle du texte contenu dans la bulle de la femme. En arrière-plan, des affiches collées au mur. La scène se déroule dans un commissariat.

– Que s’est-il passé en novembre 2019 ?
C’est un dessin d’actualité : depuis le 3 septembre 2019 se tient le Grenelle contre les violences faites aux femmes, clôturé le 25 novembre par le Premier ministre (Édouard Philippe). Un « Grenelle » (en référence aux accords de Grenelle de mai 1968) est un lieu où se négocient des revendications. En outre, l’ONU dédie la journée du 25 novembre (de 2019 à 2022) à la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

– Pourquoi Juin choisit-il de traiter le thème des violences conjugales par l’angle de l’accueil au commissariat ?
De nombreuses associations d’aide aux victimes dénoncent le manque de moyens alloués à l’accompagnement des femmes agressées, l’essentiel des critiques portant sur l’accueil en commissariat et l’enregistrement de la plainte : minimisation des violences subies, culpabilisation de la victime, voire moqueries et remarques sexistes.

Juin veut donc mettre en évidence les difficultés que les femmes violentées peuvent
rencontrer lorsqu’elles viennent déposer plainte à la police.

– Comment s’y prend-il graphiquement ?
Juin l’explique dans la vidéo : avant de dessiner, il réfléchit à ce qu’il veut dire, à la manière dont il va le dire et aux éléments qu’il veut mettre en valeur ou faire ressortir. La mise en scène est importante. Ici, il joue :

  • sur le décor : la lampe de bureau du policier est pointée sur la femme et l’éclaire violemment comme s’il s’agissait d’un interrogatoire musclé. Le climat est hostile ;
  • sur la taille des personnages : le policier est bien plus grand que la femme, il la domine ;
  • sur l’attitude des personnages : le policier est menaçant. La femme, recroquevillée sur sa chaise et tête baissée, est terrorisée ;
  • sur la typographie : la taille de la police d’écriture est disproportionnée. Le lettrage de la bulle du policier est énorme et en gras : il hurle, il agresse. Celui de la femme est riquiqui (il se perd dans la bulle) et à peine tracé : elle chuchote, elle a honte.

Dans ce dessin, tout est fait pour attirer notre attention sur le rapport de force inégal entre le policier et la victime, entre l’homme et la femme.

C’est un gag graphique qui use de l’ironie pour mieux servir son propos : la femme tente de porter plainte pour dénoncer son mari violent. Elle imaginait, sans doute, trouver une écoute attentive, du réconfort et des solutions concrètes pour sortir de cet enfer. Malheureusement, elle se retrouve devant un policier tout aussi violent dans la façon dont il la reçoit et s’adresse à elle. Il la culpabilise et minimise son traumatisme. Il est déjà difficile de sortir de la spirale de la violence conjugale mais si, en plus, on est cuisiné comme si l’on était une criminelle…

C’est sexiste et injuste : la responsabilité est inversée, la victime devient la coupable. Juin dénonce cet état de fait.

© Juin, novembre 2019.