ATTENTATS & RÉSISTANCE
Terrorisme. Attentats de Paris. 13 novembre 2015. Rire de la mort.
Le dessin est en couleur : sur un fond rouge, un homme habillé d’un jean bleu, d’un pull bleu et de chaussures marron tient sans sa main droite une bouteille de champagne qui déborde et dans sa main gauche une flûte à champagne qu’il porte à sa bouche. Il danse, fait la fête et semble joyeux.
Le corps de l’homme est criblé de trous. De ces trous s’échappe du liquide jaune comme une fontaine.
Le dessin est signé Coco et titré en blanc « Ils ont les armes, on les emmerde, on a le champagne ! ». En haut du dessin, en noir on peut lire « Charlie Hebdo », c’est le titre du journal.
Le dessin est publié en une de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo le 18 novembre 2015, soit 5 jours après le 13 novembre 2015 qui est le jour où une vague d’attentats sans précédents a frappé simultanément Paris et Saint-Denis, visant Le Bataclan (une salle de concert du 11e arrondissement de la capitale), plusieurs restaurants du 11e arrondissement, et le Stade de France.
Ces attaques, revendiquées par l’État islamique et menées par trois commandos terroristes, causent la mort de 130 personnes et font de plus 350 blessés. Lors de celles-ci, les victimes ont été assassinées sans aucune distinction (religieuse, professionnelle, culturelle, ethnique, générationnelle, etc.)
Ces attaques interviennent onze mois après les attentats qui ont frappé la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015.
Ne pas céder à la terreur
Ici, « Ils » désignent les terroristes qui ont commis les crimes du 13 novembre 2015. En assassinant des gens sans distinction et en attaquant le Stade de France, une salle de concert et des restaurants, ils s’en sont pris à nos libertés individuelles : celles de se divertir, d’écouter de la musique, de danser, de choisir nos loisirs, de nous réunir et de rire entre amis ou en famille. Des libertés incompatibles avec leurs idéaux totalitaires.
Avec ce dessin, Coco veut montrer que malgré ces attaques, les Français sont toujours debout et ne se laissent pas intimider par le terrorisme, qu’ils continuent à vivre et à profiter de la vie comme ils l’ont fait jusqu’ici. C’est un message de résistance joyeuse qui fait écho au slogan « Paris est une fête » et qui met à distance, avec humour noir, des évènements graves. Bien qu’elle ait été frappée directement par les attentats de Charlie Hebdo quelques mois plus tôt, la dessinatrice parvient à faire ce pas de côté salutaire. Si on s’interdisait de rire de choses tristes ou graves, le champ de l’humour deviendrait impraticable.
Le dessin satirique offre une grande liberté: on peut représenter des situations imaginaires. Ici, le personnage se joue de la mort, il reste debout, continue de boire du champagne et de faire la fête, malgré les balles qui l’ont transpercé.
Coco
Paru en une de Charlie Hebdo, n° 1217, le 18 novembre 2015.